Agrion de mercure : la demoiselle du Sud

Libellule VS demoiselle

Dès le printemps, bon nombre d’insectes réapparaissent. Parmi eux, les libellules appartiennent à l’ordre des odonates, tout comme les demoiselles. Nés il y a 320 millions d’années durant le Carbonifère, les odonates sont apparus avant les dinosaures. Ils ont certes évolués depuis. Si demoiselles et libellules présentent un aspect similaire, les premières, plus fines et graciles, présentent de petits yeux disjoints et quatre ailes identiques, tandis que les libellules ont de gros yeux rapprochés et deux paires d’ailes de taille différente. En station immobile, les libellules gardent les ailes ouvertes alors que celles des demoiselles demeurent repliées le long du corps.

Tout de bleu et noir vêtu, l’agrion de mercure (Coenagrion mercuriale) est une demoiselle (Zygoptera). Appréciant les lieux ensoleillés pourvus de végétation, il est visible d’avril à novembre en région méditerranéenne, aux abords des points d’eau courante bien oxygénée : fossés, ruisselets, sources, bras de rivière… Il est considéré comme un bio-indicateur de la qualité du cours d’eau.

De redoutables prédateurs aux accélérations foudroyantes

Carnivores, les odonates possèdent de puissantes mâchoires : ils mangent les mouches, moustiques, taons et même les papillons. Leurs yeux, composés de milliers de facettes hexagonales, sont inégalés par leur volume et leur incroyable efficacité qui leur confère une vision sur 360°. Par ailleurs, chez les insectes, les odonates battent des records de vitesse et leur anatomie, adaptée à la chasse au vol, permet le piqué, le vol stationnaire, la brusque ascension, le demi-tour et, fait unique chez les insectes, le vol à reculons. Leurs prouesses font d’eux un sujet d’étude pour l’aéronautique.

Un suivi réalisé par le Grand Site de France Concors Sainte-Victoire

D’avril à novembre, les gardes nature du Grand Site réalisent le suivi de ces populations, mis en place depuis 2014, selon des points stratégiquement placés. Durant cette période, 6 à 8 passages sont effectués. Les conditions météorologiques doivent être favorables : ciel dégagé, sans vent, ni pluie et une température entre 20 et 30°C. Seuls sont comptabilisés les mâles matures qui passent plus de temps sur les sites de reproduction que les femelles qui s’y rendent uniquement pour pondre. Cette année, le pic de fréquentation observé fin mai par l’équipe du Grand Site est d’environ 150 spécimens. Les données sont ensuite transmises à Faune PACA, (site géré par la LPO PACA) assurant la collecte et la restitution des données d’observation de la faune dans la région.

Une espèce protégée

Les zones humides figurent parmi les milieux naturels les plus vulnérables. Dans le contexte du changement climatique, l’urgence de leur préservation est plus d’actualité que jamais. C’est pourquoi les demoiselles, dont la survie est menacée, sont protégées. Leur protection passe principalement par la préservation des zones humides et des cours d’eau auxquels elles sont inféodées. L’agrion de Mercure est inscrit à l’annexe II de la Directive européenne Habitats-Faune-Flore. C’est une espèce strictement protégée en France, inscrite sur la liste rouge. Un Plan d’actions national en faveur des libellules a été mis en place en 2010.

Fiche d’identité

  • Taille :
    • abdomen mâle : 19-27 mm ; femelle : 21-27 mm
    • ailes postérieures mâle : 12-19 mm ; femelle : 17-21 mm
  • Forme, allure : le mâle bleu et noir présente une marque distinctive sur le 2ème segment abdominal, qui évoque le symbole du mercure, ou une tête avec un casque à cornes, ou encore une tête de vache selon l’inspiration de chacun. La femelle est de couleur verdâtre avec la face dorsale de l’abdomen noir.
  • Alimentation : les agrions capturent des insectes volants
  • Reproduction : les odonates s’accouplent en volant. Au cours de ce vol nuptial acrobatique, qui commence par la position dite “en tandem”, les deux partenaires forment ensuite le cœur copulatoire. Les larves aquatiques, également carnivores, subissent plusieurs métamorphoses jusqu’à deux ans avant l’émergence de l’adulte qui s’envolera pour sa vie aérienne.