Tous les comportements sont dans la nature

Depuis le déconfinement, la nature est davantage convoitée et parfois victime de son succès lorsque l’avidité pousse certains à commettre des actes dommageables tels que des aménagements sauvages qui portent atteinte aux milieux, aux espèces, au droit de propriété et à la réglementation. Si les gardes nature constataient jusque là quelques incivilités, depuis le déconfinement, leur nombre et leur impact ont augmenté. 

Bien qu’ils ne soient pas malveillants, ces actes concrétisent l’expression d’égoïsmes irréfléchis. Les ravages du « où je veux quand je veux », laissent des stigmates : parois percées au perforateur pour poser des équipements, arbres mutilés pour ouvrir des sentiers sauvages, cairns de pierres fixées avec des mousses chimiques, bombes de produit abandonnées sur place. Voilà les scories des envies de personnes déconnectées avec cette nature qu’ils profanent et abîment. Car outre le dérangement des espèces, de telles interventions altèrent les milieux qui mettent des années à se réparer. La question se pose alors : au nom de quelles valeurs ces actes sont-ils commis ?

Si ces massifs sont restés aussi magnifiques, c’est parce que les amoureux de la nature savent se fixer des règles. Ils savent que les itinéraires, l’entretien des sentiers, leur balisage, sont des limites qui vont dans le sens de l’intérêt général, à savoir répondre à la fois aux besoins du public et à des impératifs de préservation. Il s’agit d’actions techniques et concertées dans des comités qui regroupent les fédérations, les associations, le Conseil départemental et le Grand Site, qui peuvent être saisis pour créer ou modifier un sentier ou un parcours si nécessaire.

Il est des frustrations nécessaires et dans le rapport à la nature, accepter que son désir se trouve orienté par un souci de préservation, s’engager en proposant aux gestionnaires des adaptations ou des modifications et se résigner à attendre un peu serait la sagesse.

Savoir aimer, ce serait aimer pour ce qu’on aime au lieu d’aimer pour soi“.
Eugène Marbeau, « Les remarques et pensées » (1901)