Déranger les chauves-souris en hiver peut les condamner

L’hibernation, une période cruciale pour les chiroptères
En hiver, pour survivre au manque de nourriture, la plupart des chauves-souris hibernent, chacune à sa façon : certaines privilégient des zones fraîches, d’autres des endroits plus tempérés et quelques unes, comme les minioptères de Schreibers, se regroupent. Championnes de l’économie d’énergie, elles abaissent leur température interne et ralentissent drastiquement leur fréquence cardiaque. Dans cet état de torpeur, elles sont extrêmement vulnérables. Le moindre dérangement — bruit, lumière, passage humain — peut provoquer un réveil prématuré et une dépense d’énergie. Or, leurs réserves de graisse constituées à l’automne, sont juste calibrées pour tenir l’hiver en hibernation. Un réveil impromptu peut donc les condamner en les privant de l’énergie nécessaire pour tenir jusqu’au retour des insectes au printemps. Il est donc essentiel de ne pas les déranger. Une espèce fait exception : le molosse de Cestoni, d’origine tropicale, n’est pas équipé pour l’hibernation longue durée. En Provence, il peut même être actif toute l’année et trouver de la ressource alimentaire malgré l’hiver. Sous nos latitudes d’autres espèces, comme les pipistrelles, ont des phases d’éveil.
Des animaux protégés fascinants et précieux pour l’écosystème
Les chauves-souris appartiennent à l’ordre des chiroptères (du grec « chiro » = main et « ptère » = aile). Elles volent grâce à une membrane souple (le patagium) tendue entre leurs doigts allongés. Certaines espèces, comme les rhinolophes, auront tendance à se replier dans leurs ailes en position de repos. Les chauves-souris sont très habiles dans l’obscurité, elles s’orientent et chassent grâce à l’écholocation Si leur vue est fonctionnelle, leur ouïe et leur odorat sont bien plus développés. Autre particularité fascinante : elles passent une grande partie de leur vie la tête en bas. Grâce à une adaptation unique de leurs pattes, elles peuvent s’accrocher sans effort aux parois des grottes, aux branches ou aux charpentes. Leur système cardiaque est par ailleurs adapté à cette position. Le sang circule de manière uniforme dans leur corps, sans accumulation dans leur crâne. En Europe, toutes les chauves-souris sont insectivores (à une exception près : la grande noctule qui sera capable de se nourrir de petits passereaux). Elles consomment chaque nuit jusqu’à la moitié de leur poids en insectes : moustiques, parasites, papillons de nuit nuisibles aux cultures… elles jouent un rôle essentiel dans la régulation des populations d’insectes et agissent comme des insecticides naturels, sans impact négatif sur l’environnement. Actives de mars à octobre, elles se reproduisent au printemps, donnant naissance à un unique petit. À l’automne, elles s’accouplent et accumulent des réserves de graisse indispensables à leur survie durant l’hibernation : elles se réfugient alors dans des abris souterrains (grottes, caves, mines) ou cavités d’arbres, pour entrer en léthargie.
Protégeons-les en respectant leur sommeil hivernal
La survie des chauves-souris dépend de leur capacité à passer l’hiver sans perturbation. Un simple bruit ou un faisceau de lumière peut compromettre leur hibernation et réduire leurs chances de survie. Une modification de température ou d’hygrométrie (quantité de vapeur d’eau contenue dans l’air humide) non naturelle peut également entrainer un réveil prématuré. En évitant les dérangements dans leurs gîtes, nous pouvons contribuer à la protection de cet allié indispensable à l’équilibre des écosystèmes.