Les milieux naturels : à la découverte de la forêt méditerranéenne

Chêne vert

Le Grand Site Concors Sainte-Victoire abrite le plus important continuum forestier d’un seul tenant du département des Bouches-du-Rhône, réservoir de biodiversité accueillant de nombreuses espèces animales et végétales. La forêt y est prégnante. Associée à des milieux de garrigues, de pelouses, de crêtes et falaises et de lacs, elle reste le motif paysager majeur du territoire qu’elle recouvre à plus de 50%. Si la pinède vient immédiatement à l’esprit, elle ne représente pourtant que le tiers de la forêt qui est constituée pour plus de la moitié d’espèces de feuillus, surtout des taillis de chênes verts.

La forêt méditerranéenne est un écosystème rompu à des étés chauds et secs dont les plantes doivent s’accommoder. En puisant moins d’eau dans le sol pour supporter la sécheresse, la végétation voit sa croissance ralentir. Ainsi, la forêt méditerranéenne occupe un volume modéré.

Des stratégies pour pallier le stress hydrique

Avec la hausse des températures, l’eau s’évapore plus vite, et avec la baisse des précipitations, sa quantité dans les sols diminue. Cette privation d’eau provoque un stress hydrique pour la végétation qui met en place des stratégies pour survivre.

  • Pour diminuer la perte d’eau par transpiration, le feuillage s’adapte de différentes manières. Ainsi les feuilles apparaissent moins nombreuses, plus petites, enroulées en épine, couvertes de poils qui jouent un rôle de parasol, ou encore enrobées d’une cuticule cireuse brillante qui renvoie les rayons solaires. Certaines plantes diffusent des essences aromatiques générant ainsi un effet brumisateur pour lutter contre la chaleur. Et parfois les feuilles tombent…
  • D’autres stratégies consistent à baisser la production de glands et réduire leur taille, adopter une durée de vie inférieure à un an pour mourir avant l’été, faire disparaitre ses feuilles sous forme de bulbe ou de rhizome sous terre, étendre ses racines, accumuler des réserves d’eau dans les feuilles, ou parfois s’automutiler en stoppant sa croissance : les feuilles changent de teinte et finissent par tomber.
Une forêt résistante mais vulnérable aux incendies

Conséquence de la vie en milieu aride, cette végétation contient très peu d’eau en été ce qui la rend très inflammable en cas de feu. Cependant, le feu s’inscrit dans le cycle de vie de la forêt. Il lui permet de se régénérer et de se diversifier. En effet, par sa violence, il remet en quelque sorte les compteurs à zéro et les différents milieux peuvent alors se réapproprier les espaces, selon les étapes qui pourraient être résumées ainsi :

  1. Installation des plantes herbacées ou pelouses sèches (plantes à tiges souples ou peu résistantes) : ces habitats sont riches en espèces d’insectes tels que les orthoptères (sauterelles, grillons et criquets) ou encore les papillons…
  2. Apparition des plantes ligneuses (végétal qui contient une grande proportion de lignine et qui de ce fait a la consistance du bois) : ciste, romarin, genévrier, filaire…
  3. Installation des plantes et arbustes qui vont constituer la garrigue, essentiellement constituée de d’arbustes aux feuilles persistantes et coriaces : chêne kermès, ciste, arbousier, lentisque, lavande, thym… C’est un milieu propice à de nombreuses espèces d’oiseaux comme les fauvettes.
  4. Installation du pin d’Alep dont les cônes ont explosé grâce à la chaleur du feu et qui a pu ainsi se reproduire.
  5. Formation de la pinède à l’ombre de laquelle les chênes verts et chênes blancs (ou pubescents) peuvent croitre. La durée de vie du pin est d’une centaine d’années, période pendant laquelle il offre un couvert aux chênes et l’oblige à développer son système racinaire au plus profond pour puiser l’eau. La pinède abrite des mammifères comme les écureuils, les renards ou les sangliers.
  6. Formation de la chênaie : lorsque les pins en fin de vie tombent, la pinède cède sa place à la chênaie. Les chênes sont suffisamment développés pour résister à la chaleur et profitent alors du soleil pour se développer.
  7. Vieillissement de la chênaie qui devient sénescente. De nouvelles espèces s’installent comme les insectes xylophages qui constituent la nourriture de nombreuses espèces d’oiseaux, chauves-souris, mammifères et gros insectes…

Ainsi le cycle de vie de la forêt s’étale sur 200-300 ans et le feu y participe puisqu’il permet de la régénérer. Cependant c’est la répétition des incendies, trop fréquents, qui menace nos forêts.